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L'AMI
MOLETTE
Si
vous aimez les reportages de "fond" sur le monde
obscur et inquiétant de la bricole, laissez moi vous
conter l'histoire édifiante du PORTE-MOLETTE A BRAS
MOBILE. Ainsi depuis quelque temps je cherchais à
faire un outil à moleter, mais les difficultés à
trouver de la matière première en petite quantité et
petit métrage ont retardé mon projet. Pour calmer mon
désir irrépressible de faire du copeau, je suis parti
tel aventurier (en pantoufle) naviguer sur le net à la
recherche d'un projet réalisable et compatible avec le
peu de moyens techniques à ma disposition.
Il
s'est trouvé que dans ce voyage initiatique et après
maints détours, je suis arrivé sur un site qui
proposait un outil très rustique, brut de décoffrage,
mais dont la philosophie de construction correspondait
tout à fait aux moyens à ma disposition (http://www.cartertools.com/knurl.html). Je
décidais alors, de fouiller dans mon tas de ferraille
afin de m'assurer que je disposais de quelques chutes
pouvant convenir à mon projet. Qu'avais-je à ma
disposition?
C'était très nettement
insuffisant, aussi devant tant d'indigence,
j'organisais sur-le-champ, entre moi et moi, une
réunion de crise pour faire le point de ce qui me
faisait défaut (de l'intelligence… qui l'a dit, qui a
osé?). J'étudiais
alors plus attentivement les plans de ce "Knurltool".
Après
ce constat de dénuement, j'invitais mon ministre des
finances à me rappeler de quelle liquidité pouvait
disposer "l'état de l'union", il me tint à peu près ce
discours "Mon bon monsieur en cette période de crise,
il serait malséant de se lancer dans des dépenses
inconsidérées ou somptuaires. Vous avez bénéficié
d'une augmentation royale de 0,5% de votre retraite
répartie sur trois ans, soit 2,80€ par mois, vous
n'allez pas bouffer la grenouille dès la première
occasion". A la lumière de ce refus net et
catégorique, j'en restais dubitatif et pantois.
Cependant en gouvernant avisé j'ai depuis longtemps
constitué une caisse noire en prévision d'événements
fortuits et improbables comme celui-ci. Je prélevais
donc sur ma cassette personnelle et secrète de quoi
approvisionner mon projet en matériaux. Je prenais voix avec la
société "Otelleryocasto" pour leur commander deux ou
trois outils et quelques babioles absolument
nécessaires à l'équipement de mon atelier. Un charmant
télé-opérateur après avoir vérifier que le matériel
que je convoitais été bien en stock, me demanda mon
numéro de client, "Je
n'en ai pas Monsieur, c'est la première fois que je
commande chez vous",
"Ne
pouvez-vous pas m'attribuer un numéro de client et
prendre ma commande"
"
Dites-moi au moins quelle est votre procédure pour
être immatriculé en tant que client"
C'est
bien la première fois qu'un commerce exige que ses
clients soient enregistrés avant d'honorer leur
commande. Cette procédure m'a étonné, en générale vous
commencez par commander et le commerçant vous attribut
à cette occasion un numéro de client. Je décidais donc
d'aller les voir dès le lundi, pour plus d'explication
et avoir mon matériel. C'était une veille de week-end.
Le lundi après m'être égaré deux ou trois fois
seulement (j'ai un sens aigu de l'orientation, je me
perds presque jamais…) je trouvais enfin ce fameux
Hôtel "O" au fond d'un parking, après avoir gravit
quelque marche vous accédez à une petite porte
discrète où il faut sonner avant d'être admis dans les
lieux. Là, une préposée d'un age indéterminé mais
néant moins aimable vous ressert le même discourt, à
la différence qu'elle accepte de vous attribuer ce
fameux "sésame" qui vous donne le droit d'être client
chez eux et en fin prend votre commande. Une heure
après je ressortais de leurs locaux avec mes précieux
outils. Ouf ça été dur! Je
me précipitais alors dans le premier "leroycasto" se
trouvant sur ma route pour me procurer le reste: Je
gagnais d'un pas guilleret mon bureau (Pff…! c'est
qu'un couloir) et m'installais à ma table à dessin
électronique pour y élaborer rapidement un projet
simple (comme il se doit) et y établir les notes de
calculs démontrant la faisabilité de l'entreprise. Ce
rude travail d'étude étant mené à bien et avec brio,
je passais à la phase cruciale, essentielle, utile,
indispensable, nécessaire, obligatoire mais néanmoins
tout aussi délicate que capitale, de l'exécution
(exécution capitale, fais moi rire y en a un qui va
être exécuté ça va pas faire un pli…) Munis de ma
fiche méthode je descendais à l'atelier (tu parles
c'est un bouiboui infâme une cave de 6 m², y va pas
rivaliser avec RENAULT) pour y préparer mes débits (de
boisson). |
Je
décidais de commencer par la pièce la plus complexe,
et la plus intéressante, le SUPPORT DE BRAS ARTICULE.
Après un échauffement digne d'un participant aux
olympiades des métiers, j'attaquais très franchement
mon débit à la scie à métaux et après une bonne pinte
de sueur, la préparation des surfaces. |
ébauche
support de bras |
Préparation
du support |
Limage
à traits croisé, 2 faces parallèles et d'équerres,
comme surface de référence et mise au bleu. |
Traçage
à l'aide d'un profilé de 14 mm. |
Règle
de traçage |
Support
tracé et pointé |
Ébavurage
après percement |
Découpage |
Et
on reprend la scie pour une séance de musculation,
heureusement pas trop longue |
Nouvelle séance de limage, réalisation des rayons par la technique bien connue des facettes successives. |
Après
plusieurs heures d'effort le support est enfin
terminé. |
Etape
suivante réalisation des bras articulés, débit,
préparation des surfaces, mise au bleu, traçage,
perçage, mise en forme en paquet. |
Réalisation d'un petit montage d'usinage pour l'exécution des portées des pivots, percement entre cuir et chaire. |
Taraudage
du corps d'outils |
Petite
astuce pour se positionner à 45° et faire rapidement
les chanfreins. |
Et
un élément de plus de terminé, la barre du corps
d'outil |
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En fin le puzzle est
complet. |
face
gauche |
Face
droite |
Test "in live". C'est
ici que se termine l'aventure d'un "usineu" en mal de
copeau.
Et
pour ceux qui ont eu la persévérance et la patience de
me supporter jusqu'ici, ils peuvent, s'ils le désirent
télécharger les plans ICI. |
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